
Bonjour à toutes et à tous!
Comment allez-vous?
On se retrouve aujourd'hui pour un article qui aurait dû paraître dimanche dernier mais... Les aléas de la vie font qu'il est parfois difficile de se tenir à un planning!
Aujourd'hui, je vous présente l'interview d'une autrice qui, j'en suis sûr, fera parler d'elle dans les mois et années à venir, tant par sa motivation que par sa détermination à faire les choses dans les règles de l'art, j'ai nommé; Audrey Weisseldinger!
Allez, c'est parti!
Bonjour Audrey! Tout d’abord, je tenais à te remercier d’avoir accepté de répondre à cette interview. Est-ce que tu pourrais te présenter, pour ceux qui ne te connaitraient pas?
Salut tout le monde ! Merci à toi de m'avoir proposé cette expérience. Je m'appelle Audrey Weisseldinger, je suis ingénieure environnement. Depuis 4 ans, je tiens un blog littéraire « La tasse ébréchée » spécialisé dans les littératures de l’imaginaire et l’édition indépendante. En 2021, j’ai décidé d’ajouter une autre casquette à mon aventure littéraire en me lançant dans l’autoédition avec mon premier roman, Gemmae.
Oh, donc ton expérience dans l’édition est toute récente! Peux-tu nous parler un peu plus de ton roman?
Oui, en effet, le roman n’est pas encore paru (la sortie officielle est le 15 juin 2021) mais le travail éditorial a commencé il y a plus d’un an afin d’offrir aux lecteurs un roman de qualité. Gemmae est le premier tome d’une duologie de fantasy young adult dont les premières lignes ont été écrites il y a presque dix ans. Le roman se déroule essentiellement sur Naïel, une planète presque identique à la Terre à la différence près que ses habitants ont pu développer une forme de magie spécifique : le don des Gemmes. Seulement, tous n’ont pas les mêmes facilités à maîtriser une telle magie et cela crée des tensions et, fatalement, des conflits. Dans le premier tome, nous suivons un groupe formé autour d’une étrangère sur qui reposent les espoirs d’une paix durable, et nos protagonistes vont tenter de l’aider du mieux qu’ils peuvent afin de mettre fin aux disparités.
Ca, c’est de la fantasy pure et dure! Un autre monde, de la magie,… Mais, j’ai une question. Pourquoi tenter l’auto-édition et pas le parcours « traditionnel » ? Après tout, l’auto-édition n’est, malheureusement, toujours pas très bien vue à l’heure actuelle, malgré les ouvrages de qualité qu’on y trouve. N’as-tu pas peur que cela impact sur les ventes de ton roman?
J’ai pensé en effet à envoyer mon roman en maison d’édition. Certaines étaient intéressées sur le pitch, j’aurais pu avoir ma place en édition traditionnelle. Cependant, je suis très exigeante sur mon travail et j’imaginais des choses bien précises pour ce premier roman : j’avais déjà une illustratrice, une correctrice, une idée des finitions que je voulais. Et dans ma short-liste des maisons d’édition de confiance auxquelles j’aurais pu envoyer le manuscrit, ces finitions-là n’étaient pas possibles. Alors je me suis dit que j’étais bien entourée, que j’avais un certain réseau de professionnels de confiance grâce au blog et du soutien de la part du milieu indé.
A partir de là, j’avais aussi envie de comprendre comment on fabriquait un livre, de maîtriser toutes les étapes par lesquelles un roman passe lors des phases éditoriales et aussi de mettre le doigt sur les différents aspects techniques. L’édition n’est pas mon métier, et pour l’instant, ce n’est pas ce qui me fait vivre financièrement au quotidien. Pour l’instant, mon objectif est de rembourser mon investissement et de faire en sorte que cette activité s’autofinance. Du coup, je ne me stress pas avec le nombre de ventes, d’autant que je suis accompagnée de professionnelles de la communication alors je sais que je mets toutes les chances de mon côté pour que ça marche.
Je vois! Tu parles de professionnels, peux-tu développer?
Oui ! Un roman, qu’il soit édité en maison ou en auto-édition doit passer par plusieurs étapes éditoriales et, si quelques-uns peuvent faire l’impasse sur le graphisme, car ils maîtrisent le sujet, tous les auteurs devraient au moins faire appel à un professionnel en ce qui concerne la correction. Vendre un roman corrigé, c’est, à mes yeux, le minimum syndical par respect pour ses lecteurs. Mais je ne m’arrête jamais au minimum, alors j’ai réuni toute une équipe de choc autour de moi pour façonner ce roman : correctrice, illustratrice, graphiste, maquettiste, agence de distribution, diffusion, chargée de communication… et j’en oublie sûrement ! Il faut aussi citer toutes les personnes qui ont fait du travail bénévole en termes de bêta-lecture et de soutien moral ces derniers mois.
Oh, en effet! Tu as sorti la fine fleur de l’édition pour t’entourer! Je suis tout à fait d’accord au sujet des corrections qui sont le minimum. Quel est ton avis sur les auto-édités qui font tout de A à Z, sans personne pour les aider?
J’ai mis toutes les chances de mon côté pour réussir !
En ce qui concerne les auto-édités qui font tout de A à Z, sans personne pour les aider, s’ils ont les compétences pour faire la couverture et la maquette intérieure eux-mêmes, je n’y vois pas d’inconvénient et je dirais même bravo, car je suis une vraie quiche en design et que je serais bien incapable de réaliser une couverture digne de ce nom. En revanche, je me répète, mais faire appel à un œil extérieur pour corriger son texte est vraiment indispensable. Un correcteur professionnel ne reviendra pas uniquement sur les fautes d’orthographe, mais aussi sur le rythme du texte, les incohérences qui pourraient rester… et en tant qu’auteur, on finit toujours par ne plus voir les fautes. Mis à part cette étape, toutes les autres sont parfois gérées d’une main de maître par les auteurs eux-mêmes et je leur tire mon chapeau !
Merci pour ce point de vue constructif! Tu parlais tout à l’heure d’expert en communication. Quels ont été les conseils qui t’ont parus le plus utiles, que tu donnerais à ton tour à ceux qui te poseraient la question?
Faire un planning ! Le fait de se construire un planning sur les mois entourant la sortie permet d’avoir toujours du contenu à publier, de ne pas chercher une idée au dernier moment, de pouvoir anticiper le rythme des publications et de varier le contenu. Il ne faut pas toujours parler de vente uniquement, mais aussi du processus de création, de l’envers du décor, impliquer ses lecteurs en leur posant des questions… C’est comme ça qu’une communauté solide se construit et qu’elle sera présente au moment de la publication d’un roman. Pour ma part, ce planning m’aide vraiment, car il me libère d’un poids mental qui est celui de trouver des idées sans cesse pour alimenter mes réseaux. J’ai même adopté ce fonctionnement pour le blog !
Oh, un planning, pas bête tien... En parlant de planning, est-ce que tu fais des plans quand tu écris? Quel est ton processus d'écriture?
Mon processus d’écriture est encore un peu chaotique… je me cherche beaucoup. En général, j’écris la time-line du roman et la situation de chaque personnage aux moments clés du roman : où sont-ils, dans quelle disposition, quel âge ont-ils… Ensuite, je me laisse la liberté de commencer les premiers chapitres sans plan vraiment défini par chapitre, pour laisser mes personnages et l’univers me montrer la voie. De toute façon, même avec des plans très précis, ils n’en font qu’à leur tête ! En revanche, il existe un point de bascule où j’ai ouvert tellement de sous-intrigues qu’il faut que je fasse une pause dans l’écriture pour raccrocher les wagons et réorganiser tout ça. A partir de là, j’ai des plans par chapitre ultra détaillés pour pouvoir conclure le tome de manière cohérente. Au niveau du rythme, c’est donc plutôt variable, mais les défis comme le Nanowrimo et les Camp Nano ou les Word War avec les copains m’aident beaucoup !
D’accord, donc tu mélange un peu le schéma du jardinier et de l’architecte! Sinon, comment t’es venue l’idée de ce roman? As-tu déjà prévus d’autres livres?
L’idée du roman m’est venue à partir du système de magie qui existe dans ma tête depuis que j’ai dix ans. Tout l’univers, l’aventure, les personnages, tout est venu autour de ce système de magie. Le deuxième et dernier tome de la saga est déjà écrit et va entamer la phase de travail éditorial cet été pour une sortie au printemps 2022, et j’ai déjà trois autres idées plus ou moins abouties de roman dans ce même univers mais indépendants les uns des autres. L’idée est de garder un an d’avance dans l’écriture pour avoir le temps de bien faire les choses pour chaque sortie.
C'est très intelligent de vouloir garder de l'avance! Quels conseils aurais-tu aimer que l'on te donne au début de ton cheminement dans l'écriture?
Au début de mon cheminement je pense que j'aurai bien voulu connaître les accompagnements proposés par certaines formatrices aujourd'hui. D'avoir quelqu'un d'expérimenté sur le sujet pour débloquer chaque situation difficile ou juste d'avoir une personne comme Nathalie Bagadey de disponible pour m'accompagner tout au long du processus m'aurait beaucoup aidé.
Si tu pouvais donner quelques conseils à un auteur qui souhaiterait s’éditer, autant par la manière traditionnelle que via l’auto-édition, que lui dirais-tu?
Je lui dirais de se renseigner, quelle que soit la voie choisie : se renseigner sur les maisons d'édition, sur le monde éditorial, de s'intéresser à son fonctionnement et d'échanger avec des personnes qui évoluent déjà dans ce milieu pour en comprendre les codes. Et surtout de de préparer, de ne pas se précipiter ! Il vaut mieux repousser une sortie ou un envoi de manuscrit de quelques mois et le faire correctement que de signer le premier contrat venu et de le regretter ensuite.
Je suis parfaitement d'accord. Pour en revenir à ton roman, comment as-tu faire pour créer ton univers, le rendre tangible, complet?
En voilà une question complexe ! :’)
Pour rendre un univers tangible, j'ai tout d'abord beaucoup étudié la cohérence de ma carte au niveau des différents terrains, des cours d'eau, des frontières naturelles... Ensuite, il a fallut inventer presque 3000 ans d'histoire et là encore, je me suis basée sur ce qui existait dans notre Histoire pour avoir quelque chose de cohérent. C'est pareil pour les cultures, l'économie, les fonctionnements de chaque peuple.
Pour les différents événements et personnages là aussi, je me pose à chaque fois la question de pourquoi ils agissent comme ça, si il y avait une autre possibilité, et si oui, est-ce qu'il existe une justification dans le passé qui aiguille le choix au moment présent.
Je n’ai jamais dit que mes questions seraient simples! :’) Au niveau de ton écriture, à quoi faisais-tu attention? Participe présent, adjectif, verbes faibles? Quelles étaient les choses sur lesquelles tu as du le plus retravailler?
Sur un premier jet, je ne regarde pas du tout les aspects techniques de l'écriture. J'écris comme ça vient ! En revanche après, je sais que j'ai en effet fait la chasse aux verbes faibles, aux participes présents et aux répétitions. Je pense que ma plus grande faiblesse aujourd'hui c'est que j'ai un style très direct, qui ne s'encombre pas de descriptions superflues et donc j'ai dû beaucoup étoffer à la relecture pour immerger le lecteur dans l’univers.
Je vois ce que tu veux dire, c’est une des choses sur lesquelles j’ai du le plus travailler également. L’interview touche bientôt à sa fin; quels seraient les cinq choses que tu dirais à un lecteur en salon pour qu’il achète ton roman?
Que c'est un roman qui a pour but de faire voyager le lecteur, que je vais à l'encontre d'un des plus gros clichés de fantasy, qu'il n'y a pas de romance au centre de l'histoire, que le roman sera du plus bel effet dans la bibliothèque parce qu'il chatoie avec ses dorures, et enfin qu'il faut que j'écoule les 300 exemplaires parce qu'il y a des cartons partout chez moi :’)
Oh, donc ce n’est pas de l’impression à la demande, tu as fais un stock?
Non, j'ai choisi de passer par un imprimeur car, pour en revenir au début de l'interview, les impressions à la demande ne permettent pas de choisir des détails techniques comme le type de papier ou les dorures et le vernis sélectif sur la couverture
Ah oui, effectivement, l'impression à la demande est limitée à ce niveau là! Merci beaucoup Audrey de m'avoir accordé un peu (beaucoup même!) de ton temps. Cette interview aura été constructive à bien des aspects. Un petit mot pour la fin?
Merci beaucoup à toi de m'avoir proposé cet échange, j'espère que ça pourra venir en aide à certaines personnes, dans tous les cas, il faut oser se lancer !
Oh, avant de partir! Où et quand pourrons-nous découvrir Gemmae?
Le roman sera disponible en pré-commande dès le 20 mai sur le site de la librairie Jeunes Pousses en broché et numérique !

Pssst, vous ne trouvez pas que la couverture déchire? Car moi oui!