Bonjour à toutes et à tous! 
Comme je l'ai promis à certains, on se retrouve pour une première interview. SI j'ai voulu interroger des auteurs, c'est avant tout pour vous donner un aperçu de l'étendue des possibilités qui s'offrent à vous. L'écriture, ce n'est pas qu'une case prédéfinie dans laquelle nous devons tous nous mouler, loin s'en faut! 
J'ai décidé de commencer par une autrice que je considère comme une amie, une autrice de talent, une autrice atypique, qui ne fais jamais rien comme tout le monde! 
J'ai nommé, Mayday MC! 
Allez, c'est parti!
Bonjour Mayday! Tout d’abord, je tenais à te remercier d’avoir accepté de répondre à cette interview. Est-ce que tu pourrais te présenter, pour ceux qui ne te connaitraient pas?
Bonjour et merci pour cette opportunité! J’écris depuis longtemps mais je n'ai commencé à publier mes romans qu'assez tard, 2016 en auto édition et 2018 chez Mix Éditions. Il s'agit de romans d'amour, centrés sur des personnages masculins. J'aime écrire sur les sentiments, j'ai une part très fleur bleue, mais je suis également portée par tout ce qui a contribué à me construire en tant que personne avant l'auteur, notamment les voyages et la mixité.
Avec cette simple réponse, tu nous donnes déjà de nombreuses possibilités de questions! Commençons donc par celle-ci; tu es une autrice hybride, autant publiée par tes soins que par une maison d’édition, pourquoi ce choix?
J'ai commencé en auto édition parce que je pensais que pour être édité, il fallait forcément avoir des relations ou beaucoup de chance. J'ai également entendu beaucoup de mauvais échos à propos des éditeurs, alors j'étais assez frileuse à l'idée... Jusqu'à ce que des amis me bottent les fesses et me poussent à soumettre au moins une fois. J'ai tenté avec Mix parce que j'aimais beaucoup leur ligne éditoriale et leurs couvertures, à l'époque il s'agissait en plus d'un roman assez compliqué à placer car pas vraiment commercial. Il a été accepté, et là j'ai découvert quelque chose de complètement neuf pour moi, avec une équipe très professionnelle, à l'écoute, beaucoup de transparence et de discipline. Aujourd'hui, je ne me verrais pas les quitter, d'ailleurs j'ai toujours dit que je continuerai à les bombarder de romans tant qu'on ne me chassera pas ! C'est moins fatiguant et moins anxiogène que l'auto édition. Cela dit, je continue de publier à la fois toute seule et avec une maison d'édition, parce que les apports ne sont pas les mêmes, surtout quand on souhaite se professionnaliser dans l’écriture.
Tu dis que ton roman n’était pas forcément commercial. Peux-tu donc nous parler plus en détails des romans que tu écris?
Il s'agit de romances contemporaines, mais c'est vrai qu'il y a une différence entre tous. Certains sont grand public, drôles, sexy et mignons, mais d'autres mettent en scène des personnages qui peuvent parfois déranger par leur culture ou leur façon de penser. La Cité des crânes, par exemple, était un coup de poker, je l'ai proposé en sachant que ce serait quitte ou double puisqu'on touche à des personnages très pratiquants (Saïd) et enracinés dans des pays loin de ce qu'on connaît (Arabie). Aliento de vida avait quant à lui une lecture très critique vis à vis du contexte socio-culturel et politique du Pérou.
Dans l'ensemble, je dirais que mes romans constituent un ensemble assez similaire sur le fond, une romance entre deux hommes, mais assez hétérogène en termes de contextes. Certains traitent de la famille et de quelle façon on peut se construire quand personne ne nous a aidé à le faire, d'autres sont centrés sur la vision de soi et des relations, comment rencontrer un homme quand on a souffert à cause d'eux ou à cause de nous mêmes. Je traite aussi de sujets que j'adore comme l'histoire et l'archéologie, la découverte d'une nouvelle culture et d'un pays étranger.
C’est une chose passionnante que tu nous livres là, qu’on voit rarement, surtout dans la romance. Après tout, ces dernières se déroulent souvent dans nos pays occidentaux, tels que la France, les USA, avec des personnages que nous connaissons tous. Pourquoi ce choix, si particulier? Comment fais-tu pour te mettre à la place de tes héros, s’ils sont si différents de ce que nous avons l’habitude de lire?
Je pense que ça vient de mes études, d'abord, mais également de mes rencontres et de mes voyages. J'ai fréquenté à l'adolescence des personnes de multiples horizons, qui me parlaient déjà à l'époque de leur pays d'origine et de leurs coutumes. J'ai ensuite étudié l'Histoire à l'université, et ça a largement contribué à m'ouvrir l'esprit sur les civilisations du monde d'hier et d'aujourd'hui. Mon mémoire de recherche en Master 2 traitait des apports et des échanges culturels, de la mixité et l'assimilation, la façon dont on se crée une identité avec tout ça. Si l'on ajoute que je suis une voyageuse en herbe qui adore barouder et poser les pieds partout où c'est possible, je crois qu'on tient le pourquoi du comment.
Là encore, ce sont les mêmes éléments qui me permettent de me mettre dans la peau de mes personnages. Je me renseigne également à travers des retours de français expatriés quand le sujet s'y prête, je fouille partout pour comprendre l'histoire de ces pays, ce qui les a construit, les combats menés par les populations locales. C'est tout cela qui nourrit mes personnages.
Si tu es une baroudeuse dans l’âme, peut-on supposer que tu as visité tous les pays dont tu nous parles, où tu fais évoluer tes personnages? Peux-tu nous parler de la manière dont tu abordes ces cultures, différentes de la nôtre?
Hehe non je n'ai pas visité tous les pays sur lesquels j'écris. Par exemple pour ma série Wanderlove, je n'ai jamais mis les pieds en Thaïlande. Ni en Asie tout court, d'ailleurs.
Il y a des romans dans lesquels je traite de la culture locale du point de vue d'un local, donc je dissémine les informations tout en faisant en sorte que ça paraisse naturel. Dans d'autres, on suit la découverte d'un personnage qui apprend en même temps que le lecteur, alors je me place d'un œil extérieur avec tous les questionnements que nous, nous pourrions avoir. On retrouve d'ailleurs ces deux approches dans La Cité des crânes, avec un Percy très occidental qui a parfois du mal à comprendre Saïd, qui lui est très attaché à son pays et à ses traditions, tant pis si les autres ne le comprennent pas.
D’accord! Dis, tu nous parles de ta série Wanderlove, peut-on en savoir plus sur elle? Quels sont les thématiques abordées, pourquoi une série? A-t-il été simple d’obtenir l’aval de ta maison d’édition pour une trilogie? Est-ce plus simple à écrire qu’un one shot?
Alors, en fait, c'est parti d'une discussion avec mon éditrice, au sujet de mes voyages et de la façon dont je pouvais en tirer profit dans mes romans. Je me souviens d'une petite réflexion sur un guide sexy, et tout est parti de là, le concept était né. Wanderlove est le nom d'une agence de voyages spécialisée dans la rencontre entre célibataires LGBT. J'avais déjà vu passer des séjours pour célibataires sur internet, mais je n'ai pas souvenir d'avoir croisé la même chose entièrement dédiée à la communauté LGBT. Dans le premier tome, le lecteur suit le séjour d'un parisien angoissé qui a peur des autres mais surtout de lui. Il y a un côté très matrimonial avec une séance de speed dating, des excursions en groupe et des rendez-vous avec des partenaires potentiels.
Le second tome n'a rien à voir, c'est le fameux guide ! Un circuit pour les célibataires qui préfèrent barouder plutôt que bronzer au bord d'une piscine. Deux salles, deux ambiances donc.
Et le troisième tome est centré sur le patron de Wanderlove, Léo ! On voit un peu les coulisses, puisqu'on le suit jusqu'au Mexique, où il espère négocier un partenariat avec un hôtel sur place pour proposer un séjour dans les Caraïbes à ses célibataires.
Je trouve ça plus compliqué d'écrire une série parce qu'il faut éviter d'être redondant, conserver le même ton et un fil directeur qui ne se casse pas la figure entre deux. J'avais les plans des 3 tomes avant d'écrire le premier. Mais j'ai de la chance parce que ce sont trois couples différents, donc impossible de s'ennuyer !
Je vois! Je vais rebondir sur un de tes propos; le fameux plan. Tu es donc plutôt à planifier tout ou a te laissé porter par tes personnages et l’envie du moment?
Ah non je ne laisse rien porter quoi que ce soit, c'est moi qui décide et mes personnages qui obéissent ! Je fonctionne avec un plan par chapitre. Après, je ne m'empêche pas de supprimer des éléments si je ne les trouve plus pertinents au moment de la rédaction, ni d'en ajouter si besoin, mais oui je fonctionne avec des plans.
Tu gères donc ton affaire d’une main de maître! Peux-tu nous en dire un peu plus sur la manière dont tu écris? Tes habitudes, rituels, les choses qui te sont indispensables,…
Le plus important c'est qu'on me fiche la paix ! Je ne peux pas écrire en étant dérangée toutes les cinq minutes. Sinon, c'est assez codifié : à mon bureau, nulle part ailleurs, avec un café le matin ou un bouillon le soir (oui, je suis une petite mamie). Je préfère du silence sauf pour des scènes où j'ai besoin de me mettre dans l'ambiance. Et entre deux sessions, c'est encore mieux s'il faut beau, je recharge les batteries au soleil.
Vu que tu es une petite mamie, selon tes propres termes, et que ces dernières adorent les ragots… Quelles sont tes anecdotes embarrassantes concernant tes bouquins, l’écriture, et même tes voyages?
Il m'arrive de glisser dans un roman une anecdote personnelle, mais je ne crois pas avoir vécu dans l'écriture des moments embarrassants. En fait, le plus gênant c'est quand ma mère m'a annoncé qu'elle allait acheter tous mes livres, je me suis passée en boucle toutes mes scènes de cul !!!
J’imagine la scène d’ici! J’avoue ne pas avoir eu ce soucis, sauf quand ma grand-mère m’a acheté Pardonne-moi si tu peux… Sinon, en parlant de ces fameuses scènes qui donnent tant de fil à retordre aux auteurs débutants, quels sont tes conseils? Être réaliste mais pas vulgaire, légèrement érotique mais pas pornographique,…
Alors franchement, en termes de scènes érotiques, je crois que j'ai tout fait. Certaines sont tendres et romantiques, d'autres plus passionnées voire brutales, il y a des premières fois et d'autres où l'expérience et la complicité jouent beaucoup et permettent de s'amuser un peu plus... J'en ai qui sont drôles, notamment dans les Wanderlove où les personnages commentent tout ce qu'ils font en s'adressant au lecteur, d'autres mignonnes et survolées, d'autres enflammées. Je pense qu'en réalité, il n'y a aucune règle si ce n'est se laisser guider par le tempérament des personnages. L'essentiel c'est d'être cohérent avec eux, avec la façon dont eux auraient fait les choses. Pour les questions de vocabulaire, pas besoin de tourner autour du pot pour appeler une bite une bite si le personnage est un peu brut de décoffrage.
J’aime beaucoup ta manière de voir et d’appréhender les choses, tout en simplicité. Comment te vient l’inspiration, tes idées de romans,…? Est-ce que les personnages viennent toquer à ta porte, ou est-ce qu’une situation t’apparaît, ou est-ce ce qu’il s’agit d’un concept autour duquel tu brodes une histoire?
Là encore, j'ai eu un peu de tout... Ça peut être une illumination, un sujet mûrement réfléchi... Parfois ça vient au détour d'une conversation, d'autres je fonctionne par tirage au sort avec des mots clefs qui vont guider ma trame. Et parfois j'ai le titre avant l'histoire donc je construis toute l'intrigue autour de ça. Ou alors je me mets au défi d'écrire sur tel ou tel thème.
Je vois! À part cela, quels conseils aurais-tu aimer qu’on te donne avant de te lancer dans le monde de l’édition, et dans l’écriture en général?
L'édition traditionnelle et l'auto édition nécessitent tous deux un travail sérieux, on ne peut pas publier tout et n'importe quoi surtout à partir du moment où on demande de l'argent en contrepartie. D'où l'importance de choisir un éditeur compétent, ou des professionnels pour s'entourer en auto édition.
Il y a aussi un petit conseil... C'est quelque chose que j'ai appris après, même si c'est encore compliqué pour moi de l'appliquer, mais je crois que ce qu'il faut savoir dès le départ c'est qu'on a chacun notre propre évolution, qu'on écrit, publie à notre rythme, et qu'il ne faut pas se comparer sans cesse aux autres. C'est long, ça demande du travail, et même si on a tous des exemples d'auteurs qui ont décollé tout de suite, à titre personnel je n'en connais aucun. Patience et détermination, donc ;)
Avant de nous quitter, peux-tu nous parler un peu de tes prochains romans à paraître cette année?
Après les Wanderlove chez Mix, j'ai un roman à paraître le 21 juin en auto édition : Les Garçons de Calabre. Même si ça reste une romance contemporaine, c'est à l'opposé de ce que je propose habituellement. Les lecteurs pourront suivre l'histoire tumultueuse de Tino, un gamin qui n'a jamais su trouver sa place dans la vie et dans sa famille. Ce sentiment a grandi en même temps que lui, au point que l'adolescence a été un véritable calvaire. Mais c'est avant tout une histoire d'amour, celle qu'il partage avec Alessio, son ami d'enfance. Alessio et Tino se retrouvent tous les ans pendant les trois mois de vacances d'été, ils sont complices et fusionnels, mais la distance qui les sépare le reste de l'année devient trop lourde, combinée au mal-être de Tino qui l'engloutit de jour en jour.
C'est un livre qui m'a retournée rien que de l'écrire, mais je suis fière d'avoir réussi ce pari et j'espère que les lecteurs vont l'apprécier autant que moi.
L’interview touche donc à sa fin… Merci beaucoup d’avoir joué le jeu et répondu aux questions avec autant de sérieux! Un petit mot pour tes lecteurs et pour les auteurs qui te lisent?
Oui, j'ai un mot, il est petit mais pour moi il est énorme : merci !

You may also like

Back to Top